20 ACCOMPAGNER LES VICTIMES D’ACTES DE TERRORISME Vous avez été nommée déléguée interministérielle chargée de l’aide aux victimes en octobre 2022. Quel bilan dressezvous de l’activité de la DIAV ? Depuis sa création en août 2017, la Délégation a été à l’origine de nombreuses avancées en faveur d’une meilleure prise en charge des personnes victimes : création du Centre national de ressources et de résilience (Cn2r) ; déploiement du réseau des centres régionaux du psychotrauma (CRP) et des comités locaux d’aide aux victimes (CLAV), amélioration des contions relatives à l’annonce des décès en contexte judiciaire. Nous avons aussi tissé un partenariat renforcé avec la fédération France Victimes et son réseau de 130 associations d’aide aux victimes agréées, interlocuteurs de la délégation au quotidien. En 2018, la DIAV a aussi travaillé à la création du numéro gratuit 116006. Les chantiers lancés plus récemment s’inscrivent dans cette continuité. Il s’agit de la mise en place du guichet unique des victimes, de la réflexion lancée sur le retour à la vie professionnelle, du maintien dans l’emploi des personnes victimes et de l’amélioration de l’accompagnement des victimes lors des grands procès et particulièrement des procès terroristes. Quel regard portez-vous sur le Fonds de Garantie des Victimes ? Le Fonds de Garantie des Victimes, qui indemnise les victimes d’attentats et d’infractions de droit commun au nom de la solidarité nationale, n’a pas d’équivalent au niveau international. Il est même cité comme modèle à l’étranger. Cet organisme imaginé dès les années 1980 par Françoise Rudetzki, à l’origine de nombreuses avancées en faveur des droits des victimes, a su résister au défi qu’ont représenté les attentats de 2015 et 2016 en France. Je peux témoigner des efforts réalisés par la présidente de son conseil, sa direction et ses équipes pour améliorer le parcours d’indemnisation des victimes d’attentats et d’infractions pénales. Plusieurs des réformes portées par la délégation y ont contribué. Par exemple, la nécessité, pour le Fonds, de missionner un expert judiciaire pour examiner les victimes de terrorisme ou la création de la Juridiction d’Indemnisation des Victimes d’Actes de Terrorisme (JIVAT). La concertation nationale sur les victimes d’attentats, a permis d’élaborer un plan d’action et d’engager un certain nombre d’actions, notamment sur la refonte des supports de communication du Fonds, en lien avec les associations de victimes, et les partenaires institutionnels (DIAV, France Victimes, Cn2r, Conseil national des barreaux…). Ces travaux ont permis de conforter le dialogue avec les associations. Je suis également avec grand intérêt les méthodes novatrices que le Fonds a mises en place ou expérimente, comme le développement d’une offre de services en nature (coaching « retour à l’emploi », aide au déplacement, soutien scolaire, accompagnement psychologique…) et la création d’un poste de référente victimes (lire P24). Tout cela facilite le rétablissement personnel de la personne victime en rendant moins douloureux son parcours de reconstruction, ce qui doit être la priorité de tous les acteurs de l’aide aux victimes. Quelle est votre vision du modèle français d’aide aux victimes ? L’aide aux victimes est un enjeu de fraternité et de solidarité nationale. Il s’agit d’être aux cotés de nos concitoyens dont la vie bascule et de briser cet insupportable sentiment de solitude dont témoignent trop souvent les personnes victimes. Pour répondre à cet enjeu, Robert Badinter avait créé dans les années 1980 le premier réseau associatif d’aide aux victimes, lequel a pris de l’ampleur et couvre aujourd’hui une grande partie du territoire, principalement grâce à la fédération France victimes. Depuis la place des victimes s’est renforcée dans le processus pénal et l’action des associations d’aide aux victimes s’est amplifiée. Si nous devons préserver et défendre avec force cet héritage, il nous faut absolument l’améliorer. A la demande d’Eric Dupont Moretti, ministre de la Justice, nous avons lancé une concertation nationale sur la création d’un guichet unique pour les victimes et leurs proches. A l’issue de cette concertation très constructive, nous avons imaginé l’instauration d’un véritable service d’aide aux victimes qui puisse proposer un accompagnement pluridisciplinaire en matière de soin et d’accompagnement social, administratif et juridique. Ce service doit pouvoir informer, orienter et accompagner ceux qui le souhaitent, en s’appuyant sur une coordination locale et nationale plus efficace comprenant tous les acteurs de l’aide aux victimes et notamment avec le FGTI, les barreaux locaux et les associations spécialisées. L’idée est de ne jamais lâcher la main de la victime tant que celle-ci en a besoin. Il devrait être connu de nos concitoyens avant même qu’ils en aient besoin.• PAROLE DE partenaire institutionnel ALEXANDRA LOUIS, déléguée interministérielle à l’aide aux victimes
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