37 ACCOMPAGNER LES VICTIMES En 2009, le Fonds de Garantie s’est lancé dans une aventure passionnante et pleine de sens. Il est devenu le premier investisseur institutionnel et, ce faisant, le partenaire historique de l’association Simon de Cyrène. Cette dernière offre une troisième voie aux personnes en situation de handicap entre la vie en institution médicale et la vie, souvent seules, à leur domicile en faisant cohabiter personnes valides et invalides dans une maison partagée. Ce partenariat «intouchable», au cœur des valeurs du Fonds, s’inscrit dans sa politique d’investissements à impacts avec plus de 6,20 M€ investis, représentant plus de 2 200 m² au profit d’une trentaine de résidents. Entretien avec son fondateur et directeur général, Laurent de Cherisey. Il y a quinze ans, vous vous êtes démené pour créer l’association Simon de Cyrène. Le Fonds de Garantie vous a soutenu. Quel rôle attribuez-vous à notre organisme ? Sans le Fonds de Garantie, Simon de Cyrène n’existerait pas ! Votre organisme a financé la première maison de Vanves (en région parisienne, dans les Hauts-de-Seine), donc le socle du projet, ouvrant la voie à d’autres implantations avec d’autres partenaires, une fois le concept éprouvé. Mais, à l’époque, mon idée relevait du défi et pouvait paraître utopique. Elle a germé à la suite de la promulgation, en février 2005, de la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Simon de Cyrène avait pour but de permettre de quitter l’institution sans souffrir de la solitude grâce à une vie d’entraide dans une maison partagée entre personnes handicapées et personnes valides. L’audace du Fonds de Garantie a été de croire à cette innovation sociale. La première maison de 450 m2 en rezde-jardin a vu le jour fin 2009. Elle est composée de neuf logements : quatre studios habités par des personnes valides et cinq studios par des personnes non valides. Chacun dispose de sa kitchenette pour avoir le choix entre être chez soi et être ensemble. Au centre un grand salon, salle à manger/cuisine permet à chacun de s’engager dans la vie partagée. Cette première maison mise à disposition par le FGV a permis d’expérimenter avant d’essaimer en France. Quelle est votre perception du rôle sociétal du Fonds de Garantie des Victimes et de sa qualité d’investisseur institutionnel ? Le Fonds de Garantie prend soin du bien commun et l’État peut être fier de déléguer cette mission de service public de prise en charge des victimes à un organisme aussi remarquable. La réalisation exceptionnelle que le Fonds de Garantie a permise à travers Simon de Cyrène l’illustre. Cet organisme est au cœur de la société puisqu’il concourt à la rendre responsable et solidaire en permettant aux plus fragiles de (re)construire un projet de vie. Il crée une société de confiance. Son utilité sociale ne fait aucun doute. Du reste, c’est effectivement un investisseur institutionnel engagé qui raisonne sur le long terme. C’est un enjeu majeur pour développer des projets humains et sociétaux. Simon de Cyrène a ainsi pu développer une innovation sociale contribuant au bien commun. Le prix que nous avons reçu de l’Élysée, « La France s’engage », en témoigne. Depuis, notre innovation sociale a pu changer d’échelle grâce à la loi sur l’habitat inclusif qui a été promulguée. À ce jour, cela a permis à plus de 2 000 habitats inclusifs de se développer en France pour tout type de public en risque de solitude (personnes âgées, handicap…). Le FGV peut être fier d’avoir permis la naissance d’un tel projet de société ! Où en est Simon Cyrène aujourd’hui ? La première maison financée par le Fonds de Garantie a permis de modéliser le concept de maisons partagées et de le multiplier. Depuis, nous avons ouvert 30 maisons dans 8 villes et 20 autres projets d’ouvertures sont en cours. Chaque naissance d’une maison Simon de Cyrène s’effectue après six ans à huit ans de gestation. En amont, il faut trouver le foncier et constituer les groupes de personnes qui occuperont les logements dans l’esprit de « compagnonnage » entre résidents valides et handicapés. L’alchimie humaine doit opérer avant l’emménagement pour favoriser le succès. Enfin, l’aventure se poursuit avec le Fonds de Garantie qui a financé trois maisons partagées à Marseille et qui nous soutient de nouveau dans le financement de trois maisons à Lille, dont les portes ouvriront fin 2026.• PAROLE DE partenaire LAURENT DE CHERISEY, fondateur et directeur général de SIMON DE CYRÈNE DE PRÉJUDICES CORPORELS
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